Dans le moule et en dehors

Hier, j'ai vu passer une vague de tweets bien énervés dans ma timeline suite à la mise en avant sur le site du magazine Public d'un article d'une blogueuse mode/lifestyle prénommée Chloé. Paie ton accroche racoleuse : Une blogueuse pousse un coup de gueule : "Je ne rentre pas dans le moule imposé…mon corps je l’aime comme ça !" Je ne connais pas la nana en question mais le clickbait marche : je m'intéresse au mouvement bodyposi*, je clique sur le lien de l'article. 

Sur la page de l'article, bien en vue, un slideshow de photos de la blogueuse en question. Surprise : elle est en fait tout à fait dans la norme. Et elle nous permet de bien nous en rendre compte à grand renfort de très belles photos en lingerie ou en short. 

J'avoue, j'ai du mal à comprendre. Je parcours rapidement le blog de cette fille : elle est selon moi parfaitement dans la norme. Aucun doute que tout un tas de filles rêvent de ressembler à cette jolie blonde, fine, sportive et modeuse.

Partant de là, je me demande comment on en est arrivé à un tel article chez cette blogueuse. Comment peut-elle penser qu'elle est "hors norme" ? De quels standards parle-t-elle quand elle évoque "le moule imposé par notre époque et par les médias" ? 

Je ne veux pas mettre en doute la sincérité de ses propos. Chloé se sent sans doute en dehors du moule, avec une pression pour ressembler à quelqu'un d'autre. Mais objectivement, je ne pige pas. Dans quel monde on vit pour qu'elle ait ressenti le besoin d'écrire un long article sur l'acceptation de son corps, la pression de la norme et le sentiment d'être en dehors des standards de beauté ?

En pensant bien faire en partageant ces propos, cette fille redéfinit une norme imaginaire à laquelle elle ne satisferait pas. Et elle en exclut forcément au passage la quasi totalité du monde vivant... S'aimer et s'accepter, c'est vraiment super mais risquer de blesser d'autres et de foutre des complexes à la moitié de la planète au passage, really ?!

Je crois que le pire dans cette histoire, c'est le magazine Public qui relaie les propos de la nana comme s'il s'agissait d'un plaidoyer ultra fort, ultra vrai. Que Chloé ait une certaine vision de la norme dans sa tête, c'est une chose. Mais que Public la valide et en remette une couche, c'est d'une violence...

 

* Tant que j'y suis, je vous renvoie sur Simonae pour des articles intéressants sur le sujet du bodypositivism !

 

Sources :