Le mythe de la grande maison
ou "Pourquoi j'ai vendu ma belle et grande maison pour en acheter une plus petite, dans l'incompréhension générale"
2007 : mon mec et moi vivons avec notre chat dans un appart' d'un peu plus de 100m². L'appartement n'est pas mal, pas trop mal placé et on peut se le payer.
Pour cela, on travaille tous les deux à temps plein dans des bureaux situés à presque deux heures d'embouteillages aller-retour de chez nous.
Avec le recul, je me rends compte maintenant que cet appart' était objectivement beaucoup trop grand, pas adapté à nos besoins et à nos envies et évidemment bien trop cher (on y passait peu de temps au final, à part pour dormir).
2010 : mon mec et moi allons à la banque pour demander combien on peut emprunter pour faire construire/rénover une maison. On signe un crédit pour vingt ans et en avant les travaux !
Quelques moins plus tard, on se retrouve avec une maison de plus de 120m², avec un immense jardin.
Maison dans laquelle on ne passe pas beaucoup plus de temps que dans notre précédent appart', car plus que jamais, on doit travailler tous les deux à plein temps dans des bureaux lointains pour pouvoir payer cette maison dont on ne profite finalement que très peu. Le soir, on rentre tard et crevés du boulot : on ne fait rien d'autre que s'affaler devant un film. Le week-end, il faut nettoyer, ranger, faire les corvées, réparer ou améliorer une quelconque partie de la maison et aller s'acheter des trucs pour "se faire plaisir" et oublier pourquoi on s'inflige ce rythme de vie. Et le lundi... c'est reparti pour un tour !
2016 : mon mec et moi affrontons la vérité : si on a cette trop grande maison, c'est plus pour faire comme tout le monde, pour faire bien, pour impressionner que parce qu'on en a réellement besoin. Forcés de faire des jobs qui paient assez pour pouvoir chaque mois rembourser à la banque les traites de notre emprunt, nous devons faire une croix sur nos autres projets moins rentables. On aimerait pouvoir passer plus de temps ensemble, mais on ne peut pas se permettre de prendre des jobs à temps partiel. La maison qui fait notre fierté est aussi un boulet lourd à tirer.
Il y a un décalage entre notre mode de vie (végéta*ien, minimaliste et plutôt tourné vers l'écologie) et notre lieu de vie. L'évidence nous apparaît comme une paire de claque en pleine face : depuis le début de notre vie ensemble, on n'a pas réfléchi ou alors on a réfléchi à l'envers.
La vraie question à se poser, ce n'était pas "qu'est-ce que je peux m'offrir avec l'argent que je gagne ?" mais "combien je dois gagner pour m'offrir ce dont j'ai besoin et envie ?".
L'heure des chiffres avait sonné : nous avons fait une liste de toutes nos dépenses. Le résultat faisait mal à la gueule mais il était sans appel : le gros de notre budget était englouti par la maison.
Conclusion : nous avons vendu la grande maison, remboursé la banque et acheté une autre maison avec nos économies.
Notre maison actuelle est plus petite bien sûr. Elle n'a pas de grand jardin. Sa façade tout à fait quelconque ne fera jamais la une d'Architecture Magazine. Mais elle nous offre la plus grande des libertés : elle nous appartient, elle ne nous force pas à faire des jobs qu'on n'aime pas pour rembourser la banque, elle nous permet de tenter des aventures professionnelles sans avoir de pression budgétaire et de passer beaucoup plus de temps ensemble, et cerise sur le gâteau : son entretien est super rapide et peu coûteux, et du coup, on fait des économies.
Le bonheur d'avoir une grande maison ou un appart qui en jette, ce n'est rien d'autre qu'un mythe. Trouvez l'habitat qui vous convient, à vos conditions. Même si votre entourage trouve ça fou, même si ce n'est pas ce que tout le monde fait.
En bons fans de Fight Club que mon mec et moi sommes, c'est même carrément dingue qu'on ait mis tout ce temps à réaliser notre erreur...