Pourquoi j'aime Twin Peaks d'amour
Il y a quelques temps, juste avant le début du grand retour de Twin Peaks, mon mec me demandait : "Et toi, pourquoi t'aimes Twin Peaks ?"
Mon premier réflexe, ça a été de lui servir ma tête de "duh, seriously dude!?" Mon amour pour cette série est tellement une évidence que le fait de poser cette question tient presque du blasphème. Il a donc reformulé sa question : "Comment tu vendrais Twin Peaks à quelqu'un qui n'a jamais regardé un épisode ?"
Mmmmh...
L'exercice est plus compliqué qu'il n'y paraît. En y réfléchissant, j'ai un lien très émotionnel avec cette série et c'est quelque chose qui est aussi difficile à expliquer qu'à transmettre. Je me souviens du déchirement que j'ai ressenti lors du visionnage du dernier épisode de la série il y a quelques années (j'étais trop jeune lors de la diffusion originale, je me suis rattrapée sur le tard) : l'idée que je ne verrais plus les gentils (et moins gentils) habitants de Twin Peaks, que je ne saurais plus rien de ce qui se passe dans leurs vies m'a collé une sale déprime pendant une bonne semaine. J'avais déjà ressenti ça en terminant certains bouquins, mais ça ne m'était jamais arrivé avec un film ou une série.
Bref, imaginez mon excitation quand j'ai appris que David Lynch reprenait du service pour nous apporter une nouvelle saison... (Mais c'est une autre histoire.)
Pour revenir à la question de base de cet article, je vais essayer de dresser la liste de toutes ces petites choses qui font que Twin Peaks est forever number one in my heart baby.
- La musique d'Angelo Badalamenti. Sérieusement, au panthéon des musiques cultes de l'histoire du cinéma, la B.O. de Twin Peaks se pose là. Tour à tour intriguante, malsaine et naïve, la musique créée par Badalamenti est pile poil l'expression de l'ambiance du film. D'apparence "toutes simples", les musiques de la série ont un ton sombre et décalé qui les rendent remarquables. Un vrai tour de force !
- L'humour. Twin Peaks est généralement catégorisé "série policière/mystère/thriller" mais bon sang... dans le genre "comédie", c'est une des séries les plus drôles que j'aie vu de ma vie ! Entre les situations loufoques, les dialogues surréalistes et les personnages déjantés dont la série regorge, il ne s'est jamais passé un épisode sans que j'éclate de rire !
- Les personnages secondaires. Dans toute la série, il y a un super travail de développement de tous les personnages. Même les personnages plus secondaires ont l'occasion de "briller" : leur caractère, leurs motivations, leurs défauts... tout ça transparaît petit à petit. Ils n'apportent pas forcément de grosses avancées sur l'intrigue principale mais leur présence donne de la profondeur à l'ensemble, elle "pose" l'univers de Twin Peaks.
- Dale Cooper. Sérieusement, Kyle MacLachlan jeune, il est choupi comme un bébé chat, non ? Et c'est une meuf qui n'aime pas les costards qui vous le dit. (Et Audrey Horne est d'accord avec moi.)
- Les personnages féminins. Twin Peaks, c'est aussi une belle brochette de meufs qui envoient, avec du caractère à revendre (Audrey - encore elle - en tête) ! Le héro est un homme, certes, mais les personnages féminins ne sont pas juste là pour leur beauté ou pour s'extasier sur des mecs.
- Les décors. Si vous êtes branchés nature sauvage et esthétique vintage, vous allez en avoir pour votre argent. Mais ne vous étonnez pas si ensuite vous avez des envies de peindre des chevrons blancs et noirs sur le sol de votre salon et de troquer vos stores pour de longs rideaux en velours rouge...
- La présence d'un personnage trans présenté positivement. Rappelez-vous, la série sort au tout début des années 90. A l'époque, s'il y avait un personnage trans à l'écran, il y avait fort à parier que c'était un dangereux maniaque / tueur / drug addict / autre joyeuseté du style. Ici, Denise est une agente de la DEA (= le FBI des stups en gros), un personnage fort, intelligent, drôle et spirituel. Évidemment, la représentation n'est pas parfaite : c'est David Duchovny, soit un homme cis, qui joue le rôle et on n'échappe pas à quelques blagues lourdingues mais dans l'ensemble - et de nouveau pour l'époque -, je trouve que ça mérite un bon point.
- David Lynch himself. Quand on voit Lynch, le regard profond, la moue sévère et la mèche rebelle, on ne se l'imagine pas franchement dans le rôle d'un vieil agent du FBI gueulard et sourd comme un pot de chambre. Et pourtant... Il est tout simplement hilarant ! J'aime bien l'imaginer se créer ce rôle sur mesure, se marrant à l'avance comme un gosse qui prépare une blague.
Bon... Je vais m'arrêter là, sinon je sens que je vais rentrer dans des détails du scénario et ça n'aurait plus trop de sens. :) Dommage, j'aurais trop voulu faire un "Top 10 des raisons de regarder Twin Peaks (la 3e va vous surprendre)" (non).